Fanette Art

mardi, juillet 29, 2008

Peter Doig au mam de la ville de Paris






















Cette fois-ci, un peintre britannique, Peter
Doig au musée d’art moderne de la ville de Paris.
On trouve tout ce qu’on veut sur le net à propos de cet artiste. Il est encore jeune et jouit d’une reconnaissance internationale.

Le musée d’art moderne expose une centaine d’œuvres. Des tableaux monumentaux peints à l’huile et des petits formats préparatoires aux techniques diverses.

J’aime et j’aimerai toujours ce lieu à première vue austère mais qui met si bien en valeur le travail des artistes. L’expo est aérée et agréable à parcourir. Il y avait peu de monde et j’ai confortablement passé la visite.

Le style de Doig est à la fois figuratif et abstrait. Ces tableaux contiennent des éléments du réel mais traités de telle façon qu’ils en deviennent abstraits.
Il ne peint pas dehors mais dans son atelier à l’aide de photos, photomontages, images transformées, pochettes de disques, vidéos... C’est sa base de travail. Mais il ne fait pas de copie. Son travail évolue très différemment de sa base de départ.
Sa manière de peindre peut être très en pâte ou très diluée. Ça dépend de l’effet voulu. Il laisse les coulures et on a souvent l’impression qu’il a carrément jeté directement l’essence sur la toile pour obtenir l’effet recherché. On peut y voir des aplats, des mouchetures, des effets de bruine.
On trouve de tout dans ses toiles. La nature est très présente et « emprisonne » par moment les constructions humaines. L’humain est présent aussi mais il semble qu’il n’a d’autre intérêt que d’être un élément de la composition, souvent insignifiant. Quand il peint des personnages, ils sont méconnaissables, cachée par leurs vêtements, déguisés, simples silhouettes ou minuscules.
Sa palette est très variée; c’est un monsieur qui aime la couleur et qui s’en sert.

J’ai aimé son style particulier qui rend son travail si singulier. Un critique l’a qualifié d’usurpateur. Je ne vois pas en quoi. S’il a eu des influences ( on en a tous et franchement, je ne les avais pas remarqué ) il les a rudement bien digéré et en a tiré sa propre individualité. C’est le plus important.

En complément de mon bla bla, un lien d’un surnommé Lunettes Rouges qui en parle encore mieux que moi, et sa ribambelle de commentaires.

lundi, juillet 28, 2008

André Lemaitre à l'orangerie du Sénat












André Lemaitre est un artiste à découvrir.

Il est exposé à l’orangerie du Sénat pour quelques jours encore.
C’est un lieu assez bizarre quand on est habitué aux musées. Dans un bâtiment ancien, une sorte de hangar destiné à recevoir les orangers l’hiver. A la belle saison, quand les arbres sont dehors, il sert de lieu d’exposition. Bonne idée!

J’ai aimé visiter cette expo. On pouvait tout à loisir admirer et dessiner les œuvres assis sur un banc au milieu de deux des trois salles et se retourner tout le temps pour passes d‘un tableau à l‘autre. Très agréable.

Environ 140 peintures à l’huile sont présentées. Portraits, nus, paysages, natures-mortes et peintures d’histoire. Lemaitre a fait aussi beaucoup de dessins et d’aquarelles qui n’étaient pas montrés. Mais des albums sur son œuvre graphique sont à la vente avec celui de l’expo ( par René et Claudine Piquemal-Bel ) dont sont tirées les citations.

Le style de Lemaitre peut paraître totalement anachronique à l’époque de l’art conceptuel, des installations, etc.

Son style s’inspire de celui de Cézanne. Mais sans l’imiter. Il a réussi à développer sa propre manière, après avoir traversé plusieurs périodes. Il a appelé cela réalisme abstrait: « Pour moi, le sujet ne compte pas, il n‘est qu‘un prétexte, l‘essentiel est dans la profondeur, dans la vie des couleurs ». Perso, je trouve ça quand même très réaliste dans ce sens que l’on reconnaît ce qu’il peint; les objets , les paysages, les gens.

Il construisait ses tableaux sans dessin, avec uniquement la peinture et ses pinceaux.
Il peignait sa région de Normandie qu’il affectionnait. D’autant plus que je me suis laissé dire qu’au fil des années, l’urbanisation l’a beaucoup changé. Certains de ses paysages ont maintenant valeur de témoignage d’un temps révolu.

La peinture militaire est quelque chose qu’il aurait voulu faire. Il s’est inspiré de l’histoire et des personnages célèbres de sa région pour peindre des tableaux historiques.

Il ne cherchait pas à faire du « joli ». Ça pouvait provoquer des rencontres étonnantes comme celle de la fermière dont il peignait la maison: elle regarde son tableau d‘un air dubitatif « Ah ! vous êtes bien là ! J’ai un neveu qui vient peindre ici le dimanche (… ) Il peint toutes les feuilles des arbres, toutes les fenêtres de la maison ( … ) Ah, si vous voyez comme c’est joli ! »
« Alors, vous ne devez pas aimer ma peinture… »
« Ah ! Mon bon Monsieur, j’avais bien vu que vous étiez un débutant. »

On peut se demandes pourquoi il n’a pas développé un style plus moderne et « original ». Il considérait qu’en matière d’art, tout a été dit. Je suis assez de son avis. Et que le plus important, donc est de développer sa propre individualité. Pour lui, c’est ça le vrai modernisme, la véritable originalité.

Quelques citations:
« Le plus difficile n’est pas de peindre des pommes, mais de peindre l’air qui est autour »
« Être original, c’est être et rester soi-même » ( tient, j’ai écrit une chose presque similaire sous mon avatar dans certains forums…)
« L’art est comme l’amour, il embellit la vie. »

L’expo est gratuite et les tableaux sont en vente si le cœur vous en dit.

Lemaitre a son musée dans la ville normande de Falaise. Ne manquez pas d’aller y faire un tour si vous êtes dans le coin.

vendredi, juillet 25, 2008

Zao Wou-Ki à la BNF





La BNF François Mitterrand présente l’œuvre imprimée de Zao Wou-Ki.

Cet artiste français d’origine chinoise a réussit, comme Foujita, la synthèse entre l’art oriental et occidental, dans le domaine de l’art abstrait. Son domaine à lui, c’est l’abstraction lyrique.
Si je devais expliquer ça, je dirai, peindre en suivant une musique ( réelle ou intérieure ) de façon spontanée. Ça ne semble pas aussi simple, évidemment.

Mais d’abord, un petit mot sur le lieu.
La BNF est une espèce de grand machin de verre et d’acier à l’image de l’orgueil humain. C’est-à-dire démesuré.
Mais ce que je trouve de plus triste la dedans, c’est de voir ces magnifiques arbres, arrachés à leur milieu d’origine, coincés entre ces immenses bâtiments et comme écrasés par ce monument triomphant. Cependant, l’intérieur préserve quelques petits coins à l’échelle humaine comme la petite galerie de l’expo ( à condition que ça ne soit pas un artiste super-connu - sinon ça aurai été pénible ). J’ai pu visiter à mon aise et au calme.

Je ne sais jamais, quand je vais voir une expo si je vais aimer ou pas. Ma principale préoccupation, outre de faire des dessins, est de trouver comment aborder l’œuvre de l’artiste.
Mais cette fois-ci, peu de dessins. Il m’est impossible de faire des croquis de tableaux qui ressemblent à des barbouillages ( ce n’est pas une critique ). Comment voulez-vous que je traduise ça ?
Il ne me restait plus qu’a regarder et trouver un moyen d’entrer dedans. Ce moyen fut de faire travailler mon imaginaire.

Zao Wou-Ki a commencé par le figuratif ( dont vous pouvez voir deux dessins ) puis s’est définitivement tourné vers l’abstrait. Ses œuvres abstraites composent la quasi-totalité de cette rétro à part quelques-unes. On peut y voir des lithos et eaux-fortes originales et des illustrations d’ouvrages notamment pour Henri Michaud, quelques huiles, aquarelles, encres et lavis ( mes préférés ). Également trois plaques de cuivre gravé et deux films.

La partie figurative n’est pas compliquée. Femme, bateaux, poisson, paysage, natures-mortes. Tout ça est facilement reconnaissable, même stylisé. Je n’ai pas franchement aimé.
Mais quand on arrive à la partie abstraite, c’est plus difficile. Traits, taches et aplats de couleurs, le tout très mouvementé. Comment « entrer » dans cette œuvre ?
J’ai alors joué au
test de Rorschach. J’ai essayé de « voir » des choses dans les tableaux de Zao.
Et j’ai vu.
Des troncs d’arbre géant envahi par on ne sait quels lilliputiens. Des paysages de batailles sous-marines. Des dragons, des chevaliers, des chevauchées de walkyries. Signes divers et variés, insectes, oiseaux. Des danseurs, des valses vertigineuses.
Finalement, l’œuvre elle-même est une invitation à l’imagination, à repérer de féroces batailles de Don Quichottes contre des moulins à vent.
Abstraction ? Ça ? Mais j’y voit plein de choses réelles. Tenez, ce crustacé ( crabe, langouste ou Bernard-Lhermite ) poursuivant un poisson volant. Ou un paysage avec une ville et peut-être un pont ou des pirogues. Et voici le cadavre d’Ophélie flottant dans une rivière. Une sœur Anne observant la route qui poudroie, tandis que, derrière elle, l’ombre de Barbe-Bleue s’avance, menaçante.
Et sans doutes d’autres choses si j’étais resté plus longtemps.

Si vous y allez, essayez ce système. Vous allez voir, ça fonctionne.

mercredi, juillet 23, 2008

Hokusai au musée Guimet











Hokusai , maître es art japonais. J’ai bien dit MAITRE.

Il y était montré, en salles thématiques, des estampes essentiellement, des dessins à l’encre et/ou à l’aquarelle, traitants de divers sujets: scènes de rue, décoration, illustrations de poèmes et d‘histoires, Surimonos, paysages ( dont les fameuses 36 vues du mont Fuji - nous en connaissons tous « La Vague » ), natures-mortes, et…heu…« travaux pratiques » diront-nous.

Expo archi-bourrée, j’ai fait la queue tout le temps; dehors et dans l’expo. Les gens étaient collés aux tableaux. Il faut dire que des œuvres comme celles-là doivent être regardées de près pour être mieux comprises, donc, pas le choix. De ce fait, impossible de dessiner sur place. Voici des croquis fait maison…mais à ma façon. Je ne sait absolument pas dessiner de façon aussi précise et sans faire de « cheveux ».

Le style japonais est particulier. Les personnages sont stéréotypés; on reconnaît des femmes ou hommes de bonne condition des ouvriers, paysans ou guerriers aux traits plus forcés. Chaque personnage a son type propre.
Les compositions sont très animées vivantes et pleines d‘humour. Il y a du mouvement. On voit le vent souffler. Les gens se parlent, sont attentifs les uns aux autres et sensibles à la moindre attention.

La notion de pudeur n’étant pas du tout la même qu’en occident, les scènes peuvent être crues ou impressionnantes. Hokusai montrait des hommes cuver après une beuverie. Ou encore, il illustrait des histoires de fantômes à tête terrible et à la bouche sanguinolante parce qu’il venait de dévorer ce qui ressemblait à un enfant dont il tenait la tête ensanglantée dans sa main crochue.
Très explicites aussi comme ses dessins érotiques ( de la série des modèles d’étreintes ) très évocateurs ( c’est le moins qu’on puisse dire ) au point que les petites souris s’y mettent aussi. Et le chat, sagement assis sur le côté, semble attendre patiemment qu’elles en aient terminé et soient trop épuisées pour se défendre. Ainsi, il pourra les croquer à loisir. A la fin, les amoureux s’essuient soigneusement. Tout de même, restons propres !!!

Bref, il excellait dans tout y compris dans les dessins décoratifs représentant des fleurs où pratiquement tous sont accompagnés soit d’un insecte ou d’un oiseau. Le tout d’une grande finesse.

Il sera influencé par l’art occidental par l’utilisation de la perspective et de certaines couleurs comme le bleu de prusse.

Mais ce que j’ai préféré, ce sont ces dessins préparatoires à l’encre. Des croquis pris sur le vif encore plus vivant que ses estampes, à mon avis. Il « croquait » ainsi n’importe-qui. Y compris lui-même, dans un autoportrait qu’il fit, étant déjà d’un âge avancé, en vieillard courbé et ridé.

Il s’est remis souvent en question ( chaque avancée était marquée par un changement de nom. Il en a eu plusieurs mais le plus fréquent était celui d’Hokusai accompagné d’autres « qualificatifs » ). Mais il a, semble-t-il, toujours été insatisfait de lui-même. D’ailleurs, ne disait-il pas, alors qu‘il était fort âgé: « Si le ciel me donnait encore cinq ans de vie…je pourrai devenir un vrai grand peintre ».

Et modeste avec ça !

samedi, juillet 19, 2008

Camille Claudel

























Impossible de pénétrer dans le musée Rodin pour voir l’expo Camille Claudel. Trop de monde, file d’attente à l’extérieur ET à l’intérieur. Le musée ne vendait même plus de billet tellement c’était blindé. « Revenez demain à l’ouverture ». Pas de problème.
Le lendemain, debout 7h pour être à l’heure à 9h30. Et déjà une assez longue file d’attente 10 mn avant l’ouverture. Avec encore 30 mn d’attente à l’intérieur, ça m’a fait une bonne heure de patience.
MAIS CETTE FOIS, J’Y ETAIS !!!

Décidément, je n’ai pas aimé la faire, cette expo. Trop de monde, donc trop de stress dans le public et chez des surveillants quelque peu agacés aussi. La faute à une organisation pas à la hauteur de l’évènement. Il aurait mieux valu un immense Grand Palais plutôt que la trop petite galerie d’expos temporaires du musée Rodin. On se gênait dans cet endroit exigu et avec cette foule.
C’est que c’est la première expo sur cette artiste depuis…depuis…

Je n’ai pas pris mes notes habituelles; j’étais bien trop occupée à essayer de dessiner des chefs-d’œuvres, y a pas d’autres mots pour qualifier ce que j’ai vu, sans me tromper. Je n’y suis guère arrivé. Mes dessins témoignent de ma difficulté à saisir le mouvement, l’attitude. A dessiner et sonner juste.
Ah ! Ce Bras ! Mais dans quelle direction va-t-il, enfin !

L’expo présentait des sculptures en plâtre, marbre, grès, des modelages d’argile, des bronzes, quelques dessins.
CC Traitait des thèmes autour de l’amour, la passion, la séparation et empruntait aussi aux thèmes antiques ( Vertumne et Pomone, la parque Clotho ), voire asiatique ( La Vague ), pour développer son expression. Mais elle avait commencé par des portraits de gens de son entourage, particulièrement Paul Claudel, son frère, à différents âges de sa vie jusque vers l’âge de 37 ans.
La moindre de ses petite sculptures est très expressive. Que ce soit dans l’amour, la colère ou la rancœur, la séparation ou le déchirement.
Mais ce que j’ai préféré, ce sont ses petits modelages en plâtre ou en argile qui sont comme des esquisses 3D. Particulièrement ses portraits d’expression .
Elle mettait en scène ses sentiments jusqu’aux portes de la folie dans laquelle elle a fini par tomber.

Quand on pense à ce qu’elle aurai pu faire si …
Mais laissons parler son frère:
« Ma sœur Camille ! Ah, c’est un sujet tellement triste dont il m’est difficile de parler.
La nature s’était montré prodigue à son égard; ma sœur Camille avait une beauté extraordinaire, de plus une énergie, une imagination, une volonté tout à fait exceptionnelles. Et tous ces dons superbes n’ont servi à rien: après une vie extrêmement douloureuse, elle a abouti à un échec complet. Moi, j’ai abouti à un résultat. Elle n’a aboutit à rien. Tous ces dons merveilleux que la nature lui avait répartis n’ont servi qu’à faire son malheur, et finalement elle a abouti à un asile psychiatrique, où elle a terminé, dans les ténèbres, les trente dernières années de son existence. »

Quel gachis !

mercredi, juillet 16, 2008

Vlaminck, un instinct fauve
















Franchement, aller au musée du Luxembourg me faisait un peu peur car la dernière fois que j’y avais été pour Arcimboldo, il y avait une file immense et c’était bourré à craquer.
Donc j’appréhendai un peu.
J’ avais tort. Pas de queue et finalement pas tant de monde que ça. Plutôt tranquille.
C’est agréable de visiter dans ces conditions.

L’expo, consacrée aux rôles fauviste et précurseur du cubisme de Vlaminck, montrait surtout des peintures à l’huile mais aussi quelques-unes de ses céramiques ( belles assiettes, beaux vases ) et quelques objets de sa collection d’art africain et océanien. Il y avait des portraits, paysages, natures-mortes.

Vlaminck fut d’abord un fauve. D’où des œuvres très colorées et très en matière. D’ailleurs, on pouvait constater de visu que le pinceau n’était pas toujours nécessaire; il y allait avec le tube directement ( Sur le Zinc - 1900 ). Il admirait Van Gogh ceci explique sans doute cela. Il exécutait rapidement, faisait des recherches de cadrage.
Au début, c’est un travail proche de Cézanne. De Matisse aussi, sans doute. De Van Gogh. Puis, comme Cézanne le fit, il allège sa matière et travaille dans la même direction ( L‘île Saint-Germain à Boulogne-Billancourt-1908 ). Mais il va plus loin que lui puisqu’il s’approche du
cubisme ( Puteaux-1915, Nature morte au couteau-1910 ). Sauf qu’ il ne sautera pas le pas de l’abstraction définitive. Il restera délibérément figuratif.
De superbes céramiques peintes de sa main complétaient l’expo. Aux décors très colorés, représentant des végétaux, fleurs, oiseaux. Ses objets africains qui faisaient le parallèle avec ces œuvres pré-cubistes.

A ce moment-là, il n’est plus fauve. Sa palette s’est assombrit mais n’en reste pas moins riche. Le noir est ( ré ? ) apparu. Une visiteuse, certainement bien renseignée, a dit que ça été sa période la moins bonne. J’aurai bien aimé le vérifier par moi-même, mais l’expo, qui s’arrête en 1915 ( Vlaminck est mort en 1958 ), ne montre rien de cette période. Mais bon, ce n’était pas une rétro complète. Dommage quand même.
Cela dit, je ne voit pas en quoi ce qu’il a fait après devrait être « moins bon ». Il a absolument voulu se garder de rentrer dans un moule et a voulu préserver son indépendance artistique.

C’était un artiste qui tenait à sa liberté d’expression et c’est-ce qui m’a plu avant tout.