Fanette Art

vendredi, juillet 25, 2008

Zao Wou-Ki à la BNF





La BNF François Mitterrand présente l’œuvre imprimée de Zao Wou-Ki.

Cet artiste français d’origine chinoise a réussit, comme Foujita, la synthèse entre l’art oriental et occidental, dans le domaine de l’art abstrait. Son domaine à lui, c’est l’abstraction lyrique.
Si je devais expliquer ça, je dirai, peindre en suivant une musique ( réelle ou intérieure ) de façon spontanée. Ça ne semble pas aussi simple, évidemment.

Mais d’abord, un petit mot sur le lieu.
La BNF est une espèce de grand machin de verre et d’acier à l’image de l’orgueil humain. C’est-à-dire démesuré.
Mais ce que je trouve de plus triste la dedans, c’est de voir ces magnifiques arbres, arrachés à leur milieu d’origine, coincés entre ces immenses bâtiments et comme écrasés par ce monument triomphant. Cependant, l’intérieur préserve quelques petits coins à l’échelle humaine comme la petite galerie de l’expo ( à condition que ça ne soit pas un artiste super-connu - sinon ça aurai été pénible ). J’ai pu visiter à mon aise et au calme.

Je ne sais jamais, quand je vais voir une expo si je vais aimer ou pas. Ma principale préoccupation, outre de faire des dessins, est de trouver comment aborder l’œuvre de l’artiste.
Mais cette fois-ci, peu de dessins. Il m’est impossible de faire des croquis de tableaux qui ressemblent à des barbouillages ( ce n’est pas une critique ). Comment voulez-vous que je traduise ça ?
Il ne me restait plus qu’a regarder et trouver un moyen d’entrer dedans. Ce moyen fut de faire travailler mon imaginaire.

Zao Wou-Ki a commencé par le figuratif ( dont vous pouvez voir deux dessins ) puis s’est définitivement tourné vers l’abstrait. Ses œuvres abstraites composent la quasi-totalité de cette rétro à part quelques-unes. On peut y voir des lithos et eaux-fortes originales et des illustrations d’ouvrages notamment pour Henri Michaud, quelques huiles, aquarelles, encres et lavis ( mes préférés ). Également trois plaques de cuivre gravé et deux films.

La partie figurative n’est pas compliquée. Femme, bateaux, poisson, paysage, natures-mortes. Tout ça est facilement reconnaissable, même stylisé. Je n’ai pas franchement aimé.
Mais quand on arrive à la partie abstraite, c’est plus difficile. Traits, taches et aplats de couleurs, le tout très mouvementé. Comment « entrer » dans cette œuvre ?
J’ai alors joué au
test de Rorschach. J’ai essayé de « voir » des choses dans les tableaux de Zao.
Et j’ai vu.
Des troncs d’arbre géant envahi par on ne sait quels lilliputiens. Des paysages de batailles sous-marines. Des dragons, des chevaliers, des chevauchées de walkyries. Signes divers et variés, insectes, oiseaux. Des danseurs, des valses vertigineuses.
Finalement, l’œuvre elle-même est une invitation à l’imagination, à repérer de féroces batailles de Don Quichottes contre des moulins à vent.
Abstraction ? Ça ? Mais j’y voit plein de choses réelles. Tenez, ce crustacé ( crabe, langouste ou Bernard-Lhermite ) poursuivant un poisson volant. Ou un paysage avec une ville et peut-être un pont ou des pirogues. Et voici le cadavre d’Ophélie flottant dans une rivière. Une sœur Anne observant la route qui poudroie, tandis que, derrière elle, l’ombre de Barbe-Bleue s’avance, menaçante.
Et sans doutes d’autres choses si j’étais resté plus longtemps.

Si vous y allez, essayez ce système. Vous allez voir, ça fonctionne.