Fanette Art

vendredi, juin 27, 2008

Ma rencontre avec Patti Smith

En regardant le matin sur le site de la fondation Cartier, je me suis aperçu qu’elle serait présente pour une dédicace. Oups, me suis-je dit, ça va pas être facile d’y être avec Lovis Corinth le matin.
Mais c’était sans compter sans la gentillesse et la générosité de la dame.
Je suis arrivée juste à temps pour la voir:
« Hi »
« Hi, how are you »
« Good »
Sur ce, elle me prend le cd que j’avais amené et me le dédicace + les deux prospectus que j’avais en main. Je ne lui avait rien demandé jusque là. J’avais mon carnet de croquis en main: « do you want to sign my sketchbook ? » . Aussitôt, elle le prend, le regarde, « very good drawing », puis l’ouvre à une page blanche et…


















Je l’ai embrassé tellement j’étais contente.
Heu, le croquis, je l’ai fait juste après, enfin, j’ai essayé. Les photos n’étant pas autorisées, j’ai tenté cette solution. Ca n’est pas très réussi, faut avouer.


Ensuite, pendant que je visitait son expo, elle est redescendu deux fois se promener au milieu des gens, parlant et serrant des mains, très simple et très gentille. Puis? Je l’ai vu repartir avec quelqu’un et son polaroid Land 250 ( d’où le titre de l’expo ) dans les rues de Paris.
Elle est formidable !!!






Patti Smith est une artiste complète: musicienne, poétesse, photographe, dessinatrice. Seule ou avec d’autres. Je ne comprend pas ce qu’elle dit mais j’aime son énergie et son atmosphère.
Entrer dans cette expo était entrer dans l’univers de PS. On y voyait des dessins, des photos des films ( de
Robert Mapplethorpe entre autre ). Deux installations créées pour l‘expo, une avec des fauteuils, des tapis, des amplis, le tout reconstituant son salon, où, assis, le visiteur pouvait l’écouter . L’autre, The Coral Sea , est un film/poème/hommage à Robert Mapplethorpe où elle dit un texte sur fond de musique atmosphérique. J’en ai encore des frissons dans le dos. La bande-son de ce film sortira en cd le 7 juillet.
Il y avait aussi des archives personnelles, des manuscrits originaux, des objets dont une coupe en bois fendue qui fait furieusement penser au Saint-Graal.




Je me suis évidement attachée, comme à chaque fois maintenent, à faire des croquis. Il n’y avait pas d’indications particulières sur ses dessins, comme le titre ou la technique utilisée. Les dessins ont essentiellement été faits, je pense, au crayon à papier et, parfois, au crayon de couleur. Certains étaient d’un style très enfantin. D’autres mêlaient l’écriture et le dessin
( des calligrammes ). Beaucoup sont des autoportraits d’elle.





































































Je dois donner une explication sur le dessin n°7 même si, je suppose, vous avez deviné de quoi il s’agit. Si votre enfant vous demande ce qu’il représente, expliquez-lui que ça montre un papa qui fait manger une glace à son enfant. Cela vous semble-t-il correct ?
Bon, trève de plaisanterie.

Patti Smith a également participé, avec sa voix, aux deux installations d’ Andrea Branzi. La première, Ellipse, mêle artisanat,industrie, design, naturel et artificiel. Matières plastiques, bois, mousse, fleurs, se mêlent et se marient finalement assez harmonieusement. J’en ai retenu certaines idées décoratives pour mon petit chez moi.
http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PATTI-SMITH---ANDREA-BRANZI-PATTI.htm
L’autre installation, Gazebo ( Belvédère ), évoque un intérieur avec un lit stylisé, des éléments décoratifs en verre coloré . S’y retrouvent le métal , le verre, le bois et les fleurs disposés tout autour.
Toujours ce mariage entre les technologies modernes et la nature.
Tout cela peut sembler hermétique si on ne s’attache pas à s’intéresser à la démarche de l’artiste. Mais à partir du moment où l’on s’y intéresse, cela change souvent la vision première qu’on a des choses.
http://fondation.cartier.com/_fichiers/presse_fichier_919.pdf























Pour finir, un petit mot sur le lieu. La fondation Cartier est un gros cube de verre et d’acier posé au milieu d’un jardin pas entretenu ( ou qui en a seulement l’air, ce qui ne veut pas dire laid ). On aime ou pas l’architecture de Jean Nouvel . Mais c’est un lieu d’ouverture et j’adore ce petit jardin de mauvaises herbes très intéressantes: de la citronnelle à gogo, du millepertuis, des marguerites, de la mauve, de la campanule, des fougères, des ombellifères, du plantain, des pâquerettes, de la potentille dans laquelle un étourneau fort peu farouche se régalait des fruits.
Un lieu de sérénité.
















J’y retournerai sans doute pour César .

mercredi, juin 25, 2008

Lovis Corinth

































J’aime les peintres qui aiment la vie. C’est ce qu’on pouvait sentir dans l’œuvre de LC. Ajoutez par là-dessus une solide formation classique ( vous savez, celle qui vous force à faire des pieds et des mains au kilomètre, bon entraînement, ça ), et il nous crée parmi les plus belles œuvres de la peinture.

Organisée dans l’ordre chronologique, on pouvait voir dans cette rétro principalement des huiles sur toiles et une trentaine d’œuvres sur papier ( gravures, dessins, aquarelles ). Je ne redirai jamais assez combien il est important que le public voit l’œuvre graphique des artistes, tellement parlante.

LC a traité tout les thèmes: mythologie, religion, nus, scènes de genre, portraits et autoportraits, paysages, natures mortes.

On sentait que cet homme aimait les dames ( surtout la sienne ), les corps, la chair, surtout la bonne ( autoportrait au verre de champagne avec son épouse - dont il pince tendrement le sein, mignon ) bien que le thème de la crucifixion ait eu l’air de l’obséder. Il en fit plusieurs tableaux. La souffrance qu’il montre, c’est pas du chiqué. Et puis, ses personnages sont vivants, expressifs, les corps en mouvements. C’est pas de l’académisme figé, ça. Ca bouge et ça remue ( La jeunesse de Zeus - mouflet capricieux qui ne veut pas manger ce qu‘on lui donne ). On sent les odeurs, les cris ( bœuf écorché - je ne suis pas resté longtemps devant… ), le souffle du vent. Ca vie et ça vibre. Sa technique, très en pâte et en touches, l’y aidait sûrement.

Au fur et à mesure que l’on avançais dans l’expo, son œuvre tendait à devenir plus expressionniste ( peut-être du fait de la maladie - série d‘autoportraits dessinés dont un avec sa tête déformée ), presque abstraite parfois ( nature morte aux poissons ). Ses tout derniers portraits sont impressionnants. Particulièrement celui qu’il peignit peu de temps avant sa mort, très amaigri parce qu’atteint d’une pneumonie.

Son œuvre graphique est très intéressante et, paraît-il, bien plus importante que son œuvre peinte. Comme Goya ou Rembrandt, il s’exprimait d’abord par le crayon ou la pointe sèche.

Je dois dire que je me suis régalée à dessiner ses portraits ou ses belles dames toutes nues.

L’artiste invité était Anselm Kiefer qui avait créé une œuvre-hommage à LC:
Pour Lovis Corinth, autoportrait au squelette
Il s’agissait d’un triptyque, une sorte de paysage mélangeant peinture à l’huile, émulsion, acrylique, schellac, ronces, tournesols en résine, objets ( vertèbres ) en terre cuite sur toile dans un cadre de fer recouvert de verre. Une grande œuvre ( 282x576 cm ). Tellement, d’ailleurs, que je ne me suis pas rendu compte sur le coup de la perspective en point de fuite. Ou était-ce du à l’éclairage ?
J’ai bien aimé le côté technique mixte et travail sur les matières.

J’ai bien envi de remercier le musée d’Orsay de nous faire découvrir des artistes inconnus et qui méritent de l’être.
Et puis tient, aller.
Merci.




jeudi, juin 12, 2008

Goya graveur























On connaît souvent plus les artistes pour leurs peintures que pour leurs dessins.
Quelquefois, des organisateurs d’expos tentent de réparer cette lacune.
L’Œuvre gravée de Goya en fut un exemple.

Il s’agissait véritablement d’une rétrospective de son œuvre gravée. Partant de ses débuts d’apprentissage d’après les œuvres d’autres peintres ( Vélasquez, Tiepolo, Rembrandt… ). Puis présentant des séries: les « Caprices », les « Désastres de la guerre, la tauromachie, les « Disparates » .
Goya a utilisé plusieurs techniques de gravure. Principalement l’eau-forte:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eau-forte ,
http://www.estampes.ch/technic/creux/acid/o_forte/o_forte.htm
souvent alliée avec l’aquatinte:
http://www.estampes.ch/technic/creux/acid/aquatint/aquatint.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aquatinte
et la pointe sèche:
http://www.estampes.ch/technic/creux/direct/ptseche/ptseche.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pointe_s%C3%A8che
La lithographie:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lithographie
http://www.estampes.ch/technic/plat/litho/litho.htm

Je n’ai pas vu les dernières salles consacrées à l’influence de Goya sur les artistes français au XIX° siècle. Il semblerait que je n’ai pas très bien compris le parcours.

Il faut dire que les gravures sont généralement de petite taille et qu’il faut s’attarder sur chacune d’entre elles parce qu’elles fourmillent souvent de détails. Je me souvient d’une autre expo de gravures de Dürer au même endroit. J’étais sortie sur les genoux.

Ca permet aussi de voir l’évolution de l’artiste, au départ appliqué dans ses interprétations ( pas de copies bêtes quand même ) de grands maîtres, puis, au fur et à mesure, prenant de l’assurance et apprenant la liberté d’expression dans le sujet et la technique.

Ses estampes sont très expressives, drôles, caricaturales, féroces. Même dans la série sur la tauromachie, il n’hésitait pas à montrer le torero en train de se faire encorner.

Et que dire de celle sur la guerre. Il montre la férocité des français se comportant comme des barbares. Les gens fuient, s’entretuent le sang à la bouche, pendent ou le sont, violent, vomissent sur un monceau de cadavres, souffrent de la famine, et j’en passe.

Elles ont valeur de témoignage et influenceront fortement des peintres comme Manet.

Pas étonnant qu’il ait au tant de soucis avec la puissante inquisition espagnole. Au point que des séries entières n’ont pu être éditées de son vivant.

Il y avait du monde. Aussi, était-il difficile de dessiner car il fallait que je reste assez près des œuvres. Je ne pouvait donc m’attarder sur le dessin. Mais je n’étais pas la seule à dessiner. J’ai vu quelques visiteurs avec leur carnet. Ca fait toujours plaisir de voir des gens qui font cet effort.

Pour ma part, je n’ai absolument pas essayé de copier Goya. Je n’ai pas sa technique. Et d’ailleurs, je n’y serai pas arrivé. J’ai donc dessiné à ma façon. Ceux que j’ai vu dessiner avaient cette sagesse aussi.

C’était une vraie leçon.
Vivement la prochaine.