Rouault, la collection Idemitsu/the Idemitsu collection

Rouault, je l’avais rencontré il y a longtemps, en cours d’histoire de l’art et de peinture. Ses clowns et ses gens de cirque m’avaient déjà interpellé. L’exposition de la Pinacothèque a été l’occasion de m’y replonger et de découvrir d’autres facettes de cet artiste assez méconnu en France.

Ça ne se bousculait pas à l’exposition. Aussi, je pouvais circuler facilement et dessiner tout à mon aise. Les murs sont peints pour , je suppose, donner un point de repère aux différents thèmes. La présentation me semble claire et compréhensible. Le visiteur peut s’y retrouver facilement, entre les huiles, les aquarelles, les pastels, les fusains, les gouaches, les encres. L’expo comprend 70 œuvres ce qui ne la rend pas trop longue.

Rouault a été l’élève de Gustave moreau. Son enseignement a été déterminant. Il a surtout appris à ses élèves à être libre. Moreau n’hésitait pas à se remettre en cause devant ses élèves même comme le raconte cette anecdote. Un jour, il dit à Matisse: « Vous n’allez pas simplifier la peinture à ce point-là, la réduire à ça. La peinture n’existerai plus ». Puis il revint et lui dit: « Ne m’écoutez pas. Ce que vous faites est plus important que tout ce que je vous dis. Je ne suis qu’un professeur, je ne comprend rien ». Être capable de montrer autant de modestie, c’est être un grand professeur. J’aurais aimé connaître cet homme.

Rouault a connu des gens très intéressants dont beaucoup furent ses amis. Outre Moreau, Matisse, Marquet, Léon Bloy, Jacques et Raïssa Maritain, André Suarès, André Malraux, Ambroise Vollard.

Sa peinture, inclassable, est un mélange de styles. On y trouve du fauvisme, de l’expressionnisme, du symbolisme, parfois proche de l’abstrait. Selon le médium utilisé, sa peinture peut être très légère ou fortement empâté ( avec des épaisseurs de matières d’au moins deux centimètres ) sans pour autant être lourde. Les thèmes sont religieux ( il était chrétien convaincu et converti à l’âge adulte ), avec des têtes de christs, des calvaires ( dont un formidable christ aux outrages traité dans les bruns ce qui est atypique chez lui car, en général, sa peinture est très colorée ), forains ( clowns, gens de cirque ), près du peuple ( prostituées, petites gens ). Sa peinture des gens est violente. On sent la misère. Les clowns ne rient pas. Les prostitués sont laides, marquées et pourtant sensuelles. Ses personnages ont parfois l’air de pantins. Il n’aimait pas l’injustice et la dénonçait dans ses peintures, à sa façon.
C’est-ce côté-là de son œuvre que je préfère. Parce qu’il est proche des gens. Même violente, on y sent de la tendresse. J’avais, autrefois, fait quelques études de ses clowns, dont vous pouvez voir un essai ici. En général, je n’aime pas les peintures de clowns ( je les trouve pleurnichards ). Mais Rouault est une exception.

Grâce à la liberté que lui avait laissé Moreau, il a réussi à développer son propre monde pictural, ce qui n’est jamais une mince affaire.

Il a été capable de se remettre en cause et de prendre des décisions radicales comme le raconte cette histoire ( descendre au chapitre « les 315 toiles brûlées » ). C’est vrai que les héritiers Vollard s’étaient mal comportés mais fichtre, j’aurai pas osé.

Les oeuvres présentées proviennent du Japon , de la collection Idemitsu. Les japonais adorent Rouault. Ils perçoivent chez lui des similarités avec la peinture ukiyo-e ( Rouault connaissait certainement l’art japonais, mais je ne sais pas si ça l’avait particulièrement influencé ) . Il faut dire qu’ils ont une façon différente de regarder un tableau. Ils rentrent complètement dedans dans une observation méditative qui peut durer très longtemps. C’est très bien expliqué dans le DVD de l’expo que je vous conseille vivement de vous procurer.

Quand je dessine, j’ai aussi cette impression de rentrer plus en avant dans l’œuvre, de faire corps avec elle. C’est aussi une forme de méditation finalement.
Et un réel plaisir à faire.

When I was a student, I « encountered » Georges Rouault and I made somme studies of his clowns.
Rouault is a bad known artist. The Paris Pinacotheque try to learn more to us with this exhibition of 70 artworks from the Idemitsu collection.
Gustave Moreau was his art teacher and he knew some important persons like Matisse, Marquet, Léon Bloy, Jacques and Raïssa Maritain, Andre Suares, André Malraux, Ambroise Vollard.
I like his paints about circus peoples and prostitutes. He was very religious and painted many artworks about the Christ.
The japanese people like very much his art because they find any similarities with the ukiyo-e painting. They watch an artwork in a kind of méditation. They literally come into. I think when I draw, I am in a kind of meditation too.
It was a real pleasure for me to draw his clowns and prostitutes with my pen and ballpen.

Le site de la fondation Georges Rouault/the Georges Rouault foundation site.