Fanette Art

mercredi, décembre 10, 2008

Figures du corps, une leçon d'anatomie aux Beaux-Arts






















Qu’est-ce que l’anatomie a à voir avec l’art ? A quoi ça sert de l’étudier en arts-plastiques ?
L’
anatomie est une chose indispensable pour un carabin. Mais pour un artiste ?
L’étude de la morphologie ( étude de la forme externe des êtres vivants), çà, je comprend. C’est même fort utile pour appréhender la position du corps dans l’espace.

Ce sont des questions que l’on peut se poser, en allant voir l’exposition Figures du corps, une leçon d’anatomie aux beaux-arts. Elle raconte l’histoire de l’anatomie dans l’art depuis Léonard de Vinci et jusqu’à l’apparition de la photographie et de la chronophotographie, ancêtre du cinématographe.

On peut y voir des dessins, peintures, estampes, sculptures, moulages, ouvrages scientifiques, photographies et chronophotographies de gens comme Houdon, Bouchardon, Vinci, Dürer, Vitruve Vésale, Marey, Londe…
Les œuvres représentent des écorchés, des corps disséqués, des vues d’ateliers avec modèle posant, des travaux de concours d’académie…
Le tout au crayon, crayon de couleur, mine d’argent, pastel, peinture à l’huile, épreuves argentiques…
Les thèmes autour de l’anatomie vont de l’intérieur du corps aux décompositions du mouvement ( avec la photo ), en passant par les dessins de pathologies mentales ou physiques ( croquis de malade en pleine crise d’hystérie ), les répertoires raciaux ( avec des moulages de visages de diverses ethnies ), des moulages d’animaux…

Et là, je comprend. À la Renaissance, la photo n’existait pas ( bien que , je crois, l’on connaissait déjà le principe de la chambre noire ). Les seuls moyens de représentation des anatomies humaine et animale étaient le dessin , la sculpture, la gravure. Les artistes étaient donc très utiles aux scientifiques.
Des siècles plus tard, la photo a libéré les artistes de cette contrainte et leur a même servi. Par exemple, les clichés de décomposition du mouvement ont certainement inspiré Duchamp pour son « Nu descendant un escalier ».
J'ai eu l'impression de me retrouver dans un immense cabinet de curiosité, amplifié par le lieu. L'école des Beaux-Arts est un lieu ancien qui se prète tout-à-fait à ce genre d'exposition. Vieux, solennel et pesant.

Les œuvres dessinées sont de toute beauté. Très précises, bien entendu, mais l’artiste leur apporte un caractère, les enjolive, les « érotise », même, nous dit la page explicative du site des Beaux-arts.
Ce sont de véritables œuvres d’art et pas seulement de simples représentations.
L’ensemble de ce qui est montré est passionnant. Parfois spectaculaire, comme les dessins. Parfois dérangeants, comme les répertoires raciaux quand on sait à quoi ça a servi, notamment à justifier en parti le colonialisme, le racisme étatisé. Ou émouvant comme ce portrait de malade dont le croquis est montré ici.
Même les ouvrages anciens, auxquels je ne comprend rien, ont quelque chose de touchant. Déjà dans la tentative qu’avaient les hommes de l’époque d’essayer de se comprendre et dans la minutie qu’ils y mettaient pour les rendre attrayants.

Je trouve que les éditeurs de livres de médecine et de chirurgie devraient s’inspirer de ces œuvres anciennes pour que leurs ouvrages soient moins rébarbatifs ( pour le peu que j’en ai vu ).

Bon, je doute qu’un jour je soit amené à réaliser des dessins de ce type et, soyons francs, c’est pas mon truc. Mais rien que pour les merveilleux petits dessins de Vinci, ça vaut le déplacement.

Some sketches of a very interesting exhibition about the art and the anatomy at the Beaux-Arts school in Paris. With Vinci, Dürer, Vitruve… Pencil and ballpen.