Une journée à/a day in Beaubourg
Qu’est-ce qu’on fait à Beaubourg quand il n’y a pas d’expo temporaire ( enfin, si, il y en a mais ça m‘ intéressait moins ) ? Eh bien on va visiter la galerie permanente. S’il ne s’y trouve pas de rétrospective, on peut y voir des accrochages temporaires du fond du musée. Ils sont en général plus courts, deux ou trois salles, et permettent de s’y attarder pour voir les œuvres plus à fond.
Cette fois-ci, on pouvait admirer le travail graphique d’Asger Jörn, le joyeux bric à brac de la donation Daniel Cordier « Les désordres du plaisir » , et Le Vide, une rétrospective assez reposante pour les yeux…
Asger Jorn faisait parti du mouvement Cobra, né dans les années 50. Son travail s’inspire de l’art primitif, l’art scandinave ancien, le surréalisme et, je trouve, de l’art enfantin. On peut voir des œuvres sur papier à l’encre, au crayon, à l’aquarelle, à l’acrylique, à la craie grasse et quelques collages.
C’était quelqu’un qui savait dessiner, dans le sens classique s’entend, comme le montre ce dessin d’une ceinture entourant une règle. De ses influences et de sa formation, il a du, comme cela arrive souvent, s’y sentir à l’étroit. Il va donc s’appliquer à s’en détourner, à « désapprendre » ce qu’il avait appris pour créer sa propre écriture. Cela donne un art singulier qui n’appartient qu’à son auteur. C’est-ce qui fait son intérêt.
On peut voir aussi un documentaire de 26 minutes avec des témoignages d’artistes qui l’ont connu dont Pierre Alechinski qui raconte une histoire montrant l’humour de Jorn. Il avait apporté en France une toile de grande dimension, à ses frais et y mettant ses derniers sous. La personne potentiellement acheteuse se désiste au motif que l’œuvre est inachevée, qu‘il y « manque quelque chose » . Voilà Jorn bien embêté et sans moyens de ramener l’œuvre chez lui. Une autre personne est alors pressentie pour l’acheter. Mais ayant eu vent de l’argument de refus de l’autre, il pose la condition qu’elle soit achevée, selon ses propres termes. Jorn accepte et demande qu’on le laisse seul pour l’achèvement, une fois payé. De retour chez lui, l’acheteur s’aperçoit que Jorn a « achevé » l’œuvre en l’aspergeant à grands coups de pots de peinture. Le voici donc avec une énorme croûte sans valeur. Quelques années plus tard, il cherche à la revendre et, évidemment, ne trouve pas d’acheteur. C’est Jorn lui-même qui la rachète pour une bouchée de pain. Il la reconstitue chez lui et elle figure aujourd’hui dans le musée qui lui est consacré. Alechinski en rigole encore.
Les gens devraient faire attention à ce qu’ils disent…
La deuxième expo est consacrée à la donation Daniel Cordier, l’un des fondateur et donateur du centre Beaubourg, « Les désordres du Plaisir ».
Daniel Cordier était un collectionneur et marchand d’art qui n’achetait pas seulement pour l’intérêt artistique, esthétique ou la valeur de l’objet, mais pour l’effet, le plaisir qu’il lui procurait. Il collectionnait donc des objets qui pouvaient n’avoir aucun rapport avec l’art, du moins à première vue.
On pouvait voir des œuvres de Michaux, Chaissac, Dubuffet, Hantaï, Mapplethorpe, Bernard Réquichot et ses dessins à spirales, Viseux et ses mâchoires de cheval, Dado, Loïc Lucas et ses mouches en carton, Michel Nedjar et ses masques, Jean-Luc Parent et sa « bibliothèque idéale » , des objets usuels et d’art primitifs de provenances diverses comme ces margelles de puit peuls usées par les cordes et érigées à la verticale, des coraux, ossements, champignons d’arbres, fanons de baleines. Il n’y manque que les bestioles empaillées et l’on pourrait se croire dans un cabinet de curiosités. C’est l’effet que ça m’a fait, d’ailleurs.
On peut penser qu’exposer des objets qui n’ont aucun rapports entre eux est sans intérêt mais pas du tout, au contraire. D’abord, on déambule dans l’expo avec un réel plaisir. Donc le but recherché est atteint. Ensuite, des objets qui n’en ont pas l’air peuvent porter un intérêt artistique qui ne se voit pas au premier abord. Prenez les margelles de puit peuls. Ces objets qui, normalement, sont installés à l’horizontale deviennent, une fois posés à la verticale, et avec leur usure, de véritables sculptures abstraites.
L’art n’est pas seulement le fait de l’homme; il est déjà dans la nature.
Et nous arrivons à la troisième expo, Le vide, une rétrospective, un morceau de choix.
Pour expliquer la chose, il s’agit d’une revue, disons symbolique, des différentes expositions consacrées au vide de plusieurs artistes depuis Yves Klein. Chaque artiste a représenté sa vision du vide dans l’art et tous ont montré des lieux complètement vides. Et je confirme, ça l’était !!! En plus de ça, ils y croyaient, ces artistes.
Bien. Je ne suis fermée à rien ( elle est pas voulue, celle-là ) et je me suis appliquée à lire les explications…que je me suis empressée d’oublier, histoire de me vider la tête, sans doute.
Seulement, deux ou trois petites choses me taraudaient. Des questions ABSOLUMENT essentielles.
« Bonjour M. et Mme les gardiens »
« Bonjour Mme la Visiteuse »
« J’aimerai savoir, ça me semble important: les photos sont-elles autorisées dans l’expo ? Peut-on faire des croquis des œuvres exposées ? A-t-on le droit de jouer à cache-cache dans les salles ? »
Le gardien de me répondre le plus sérieusement du monde ( en apparence ): « Vous pouvez prendre des photos sans flash, nous ne voyons pas d’inconvénient à ce que vous dessiniez, avec qui voulez-vous jouer à cache-cache ? Avec cette petite fille qui trottine dans l‘allée ? » en désignant une mouflette croquignolette d’environ 1 an ½ qui concentrait toute son énergie à mettre un pied devant l‘autre. Perso, j’aurai pas été contre, mais son papa, sans doute que si.
De toute façon, je ne suis pas allé plus loin. Les gens, je les sentais pas trop. C’est dommage, on aurai sans doute bien rigolé. Au début, je pensais jouer aux glissades sur le parquet, mais justement, y glissait pô. Et pis on a du déjà leur faire le coup de la tache sur le mur.
De cette, heu, expo, j’ai retenu quelques petites choses ( quand même ). La gardienne a un charmant sourire, le gardien a un joli chapeau, la petite fille a eu bien raison d’opérer un repli stratégique vers le plein. Le gros catalogue coûte environ 40 euros et est REMPLI de belles photos.
Enfin, tout ceci ne fait que confirmer une chose que je pressentait déjà: ma nature a horreur du vide.
Et les croquis ? Je les ai tous raté. Vous me croyez, j’espère ?
Pour finir cette belle journée, je suis allé faire un tour à l’étage pour voir quelques Matisse et je suis tombé sur une petite expo sur le blanc dans l’art, l‘exact contraire du vide. Avec de vrais dessins faits par des artistes qui n’étaient pas des rigolos, eux.
Stylo à bille, crayon à papier et crayon de couleur.
Beaubourg is not only an excellent place for temporary exhibitions. There is also a very interesting muséum about modern and contemporary art. It is regularly organised some temporary private viewing. This time, it was about Asger Jorn graphic artworks, The Daniel Cordier* Donations, « Les désordres du plaisir », and an intrigant exhibition about the void in the art ( personnaly, it let me quite doubtful )…
It was a pleasure to fill the void of my sketch book pages.
Ball pen, pencil, colour pencil.
*see the link in french; there is not english link about him.
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